Mon frère me connait...
je pensais avoir perdu depuis des années mon premier appareil photographique
celui sur lequel j'ai joué, fixé mes premiers instants
il était juste bien caché, dans de vieux draps de nos arrières grands mères
de notre maison familiale en Corse
va savoir
peut-être voulais-je le protéger tout simplement, bien couetté, à l'abri de la
poussière et du temps qui passe
surement un soir de tristesse ou d'absence
10 ans... 10 ans que personne ne t'avait touché
mon frère me connait
je suis venu à Raymond Depardon, par le biais des mots.
une amie coquelicot après avoir ressenti un concert où je me produisais avec mon projet "FragMEnt" m'avait recommandée de lire "Errances"
je me souviens de ces mots ce soir-là
"cette errance-là va te parler"
de retour chez moi, je file chez le libraire, prends ce petit livre sans même l'ouvrir, me pose à la maison et d'une traite le lis
et j'ai compris
dès les premières pages, j'ai compris
cette définition de l'errance, de l'errant, me parlait tout à coup
ça devenait clair
Depardon avait posé les choses, les mots sur ce truc ressenti mais encore flou
dans la simplicité des mots, le partage d'une envie et ces photographies en noir et blanc
à chaque fois que je voyageais pour un concert, pour quelques vacances.
"Errances" me suivait toujours, comme un précieux, un passeport.
et puis un jour, "Errances" s'est perdu, a fini dans d'autres mains, d'autres consciences.
j'ai toujours pensé, à ce livre, annoté, sur chaque page, gribouillé, selon mes idées, pensées
mais cette fois çi dans d'autres mains, proche d'un autre coeur
mon frère, tu m'as redonné mon précieux
à un moment, ou mon errance n'a jamais été aussi floue
mais où cette errance là m'a fait devenir un petit photographe qui survit de ses instants fixés
ce soir là, dans ma nuit, j'en ai pleuré.
Merci mon frère