Michka
S'en est allée
Et j'ai pleuré hier
En fin de journée
Dans la nuit naissante aussi
Me suis réveillé au petit matin
Il pleut et je pleure encore
Depuis hier Michka
Il ne fait que pleuvoir place Martin Nadaud
Il pleut de plus en plus fort
Et vous me manquez
J'en ai perdu mon souffle mes jambes
des années
J’ai l impression d avoir manqué
la Mort
Parce qu'on parle bien d une vie qui s'en va
D'une personne
Comme ces personnes là
Celles que l on ne croise qu’une fois dans sa vie
Celles que l on oublie pas
Qui restent pour leur je ne sais quoi
Encrées dans ta caboche
Jusqu'à ton dernier lit
Ta dernière nuit
Les lumineux,
J'te dis
Ceux
qui
restent
.
Et souvent
ce sont celles et ceux que tu sais toi qu'elles pourraient t accompagner un peu sur le chemin de la vie ces personnes là
Comme une amie
Un semblable
Un proche
Comme ceux-là même que l on n'a pas besoin de voir souvent pour se savoir se sentir, s en inquiéter,
meme si
Tu sais
Ces personnes que l on aurait aimer revoir aussi, sentir leur présence le temps d un instant d'un café
Ce regard
ton regard Michka
qui se pose
Cette chaleur, de l intérieur
Ces personnes
avec qui l on aurait voulu passer plus de temps, créer un souffle un mouvement peut être
Ou simplement
Grandir un peu
Cerebralement
Sensiblement
Artistiquement
Au contact de
.
Toi Michka
tu savais les renards
Vous saviez les apprivoiser
une belle âme Michka
Avec ce souffle ce grain cette voix
.
Alors vous êtes venue ici un jour,
sur ce mur froid
ce truc irréel
ou tu passes beaucoup trop de temps l ami(e)
elle y est venue
et elle y a déposé des mots
des mots profonds, transcendants des mots de chair de vie des mots profondément chauds intimement poétiques
des mots artistiques donc confrontants l ami(e)
parce que selon ses propres mots
Cela lui semblait familier et beau
Elle disait se faire des films sur mes instants
Et le film qu’elle me contait se révélait être mon histoire
ou mes sensations intérieures
À la pulsation près
Comme connectée Michka tu étais
J'étais troublé
Quelquefois ko debout chez moi
Je ne savais jamais s il fallait répondre laisser libre ou ponctuer
J'étais comme sonné
Je vous l ai dit
un jour de mai
aux Foudres
troquet
.
À cet instant même
où moi même j'taffais m efforçais à me taire à m extraire à me délettrer
Michka, elle, me posait le mot avec précision qui touchait juste
au creux
tel mon frater de vie m incisant l os au vertex un jeudi d octobre
pour en extraire la lune
et m ouvrir une possible nouvelle voix(e)
Chirurgicale
Michka,
dans tes mots,
y avait comme des projections stellaires
des projections d une fulgurance telle l ami(e)
Michka
Elle te sabrait par sa pensée sa vision instinctive
toujours juste douce cultivée
Comme connectée au bon angle
Du ventre à la terre
De la fenêtre pupille qui s ouvre et se referme pour y capter un extrait de, une poésie claire
De la chair aux éléments
feu eau mer terre
Lumière
.
Elle y voyait tout aussi
d où ca venait
tout çà
dans ce travail de mille fragments
elle y voyait tout à cœur ouvert
comme ton psy qui te flashe et te ponctue tes putains d instants de vie
et putain j’te l’dis
c’est rare c'est beau, un peu fou
cette fulgurance du moi intérieur qui jaillit et t émeut,
ça te montre les possibles outils de ressenti de la personne
ses éclairs d esprit
sa connaissance de vie
et ça te conte une histoire
son Histoire au final
faite de mille histoires
de fragments épars
de mystère
comme ce voile sous mes paupières depuis hier
et c'est beau et c'est rare
Si précieuse
Michka
.
Alors les mots posés ou dits quand ils te montrent à vif au creux
l être fait de chair qui te les écrit, dit
et te les partage ces mots là
Tout là-bas au loin
De son Canada ou d ailleurs en voyage ou ici
vers sa Tunisie ou place Martin Nadaud au troquet du coin
Tu vois ces mots là
Ils étaient importants pour moi
Quand t es fils de tes œuvres
que tu te construis seul
juste sur un fil, ton Histoire
Tu ne te poses jamais,
tu souffres toujours un peu de l'intérieur
T es comme un errant
Celui de l hôtel dieu par Depardon dans sa préface de
Tu avances tu t adaptes mais t'es cuté,
T'as beau être à la bonne distance
t as l horizontale qui te scinde
dans l entre deux
Tu ne te poses jamais
Mais là, l ami(e)
c'est plus la verticale à la Kurosawa qui te guide,
toi, sous la pluie qui te bat,
tu avances vers et tu fixes
T es toujours dans une quête mais tu sais pas laquelle
Le temps
son rythme son cadre n est plus le même
T'en en quête d' un truc
D un ailleurs perpétuel
D une poésie d un jour
Et tu veux juste dire
Un peu
Avec le monde
Comme
Michka
T as ce besoin là
Et ca s explique pas
"C'est comme ça poussin "
dirait ptite mamie en chemise de nuit
dans la nuit éperdue
Là-bas au loin
Perdue
Alors j ai projeté je crois sur vous
Comme une grande maman artistique
Et vous saviez très chère amie l amour profond que j avais pour ma grand mère
Vous saviez aussi qu’elle était revenue
Plus tard
après sa mort
Me le dire
Elle aussi
son amour
Un jour de mai
.
Mais c'est une autre histoire
une autre palabre
Celle qui précède malheureusement celle ci
De celle bien codée sous un codex intime et lettré
que vous ressentiez lisiez décodiez très chère Michka
Là où plusieurs voi(es)(x) se mêlent plusieurs langages fragmentés plusieurs strates granuleuses pour une seule obsession intime
une mémoire de l intérieur d un temps
D un lieu
D un seul être
Ordinaire Et Déraciné
Comme un putain de Pékin errant dans cet asile de fou
Ici Paris
Manicomio
Prends moi par la main
À bout
.
Alors moi aussi
je suis venu vers vous
Place Martin Nadaud
Presque en coup de vent
intimidé comme jamais
Ce jour dit de mai
Vous partiez le lendemain
Heureuse que les bandes de votre film soient sauvées
quand je vous ai vu arriver de loin
votre regard m a happé
J ai eu cette sensation
En bas du square Nadaud
Comme si je vous avais deja connu, badaud
dans un autre temps
une autre histoire
une autre rue
J ai pensé que vous étiez
un ange
Michka Saäl
// Et vous savez
Que j emmerde bien fort
le barbu là haut et ses sbires sur terre
Que je ne crois qu’en la chair
Au toucher aux odeurs
au sensible
À l humain
Au souffle
Animal
Qui t est cher //
Alors nous nous sommes embrassés pour nous saluer
Et je vous ai vouvoyé
Et puis tu m'as parlé
De vie, de voyages, de films ,de rencontres, d’êtres , de lieux chers
souvenance d une terre
Je vous regardais vous mouvoir
Je scrutais votre regard
Vos traits s exprimaient
Vous étiez belle
J avais envie de vous fixer dans mon boîtier mais j osais pas
Et j ai palabré beaucoup trop ce jour là,
de la vie qui se fêle, de la mort en corps, du peu qu’il nous reste et du combat à venir aussi dans les rues
Ici
à Paris et ailleurs
Dans les mois
à venir
Parce que tout fera grand bruit
L ami(e)
Dans ta france emmanuelisée
Tout fera grand bruit
Parce que chaque bambin sera une voix
Chaque bambin portera sa croix
Chaque bambin deviendra un bras
Parce que la merde est dejà là
la merde est ici l ami(e) juste devant toi
Parce qu'ils nous ont perdu et qu'ils n'en savent rien
Parce que ces gens là
de leur perchoir
ils n y voient plus rien
Parce qu ils continuent de parader et croasser comme si de rien
La merde est ici
Et ici je vous l ai dit
Ce jour là
C'est deja demain
.
Pendant que nous parlions
Michka
Discrètement
j ai fixe
vos pieds
Sur la rétine
noire
sans vous le dire
Puis vos mains
aussi
Et
un bout
de votre
veston
Pour garder
Un bout de toi
Avec moi
Toi
tu m as donné
China me
et un porte bonheur
couleur or
.
Puis passe l hiver
Où j ai pensé que
Nous nous étions dit que
Peut être
seriez vous là
dans le quartier
Et puis rien
.
En mai
vous êtes revenue
présenter au Saint André des arts
Votre film
Et au printemps
je vous lisais vous sentais heureuse émue comme inattendue nouvelle et j étais heureux pour vous
Heureux de vous revoir
Heureux et fier d être de ceux que tu conviais Michka
Je pensais déjà aux instants fixés sur la rétine avec ces jazzmen et vous dans ce Paris
Cela aurait été une belle série
comme un témoignage
Une mémoire d un toi intime de ton regard d'un moi vers toi
dans ce Paris là
Celui que je t écris depuis un temps
Dans le creux d une vie
Et j'ai souvent pensé
à cette accolade aussi
Dans cette rue
Devant ce cinéma
Et J'y pense encore souvent Michka
Et j en pleure encore en écrivant ces mots la
Parce que je ne suis pas venu ce soir la
Je ne suis pas venu ce jour de première
Ce jour de mai
Et je n ai jamais posé les mots
Jusqu'à aujourd'hui
Je suis resté dans le silence
Et je n ai jamais posé
les mots
Je ne suis pas venu Michka ce soir là
Parce que je ne suis pas sorti ce jour là
la vie est quelquefois une putain
On le sait bien
Et avant de l apprivoiser, elle aussi
Faut quelquefois tracer un temps son chemin
l air de rien
Et je n ai pas eu la force ce soir là de sortir de la tanière
Je n avais plus ni les mots
Ni l envie de
J étais fragile
Et dans ces instants je me tais Michka
Je me terre
Mais tu savais aussi
Le si loin si proche
Le galet qui ricoche
Et ces horizons qui nous écorchent
.
En juin sans mots de moi
Tu m'as pourtant écrit
une dernière fois
avant de
Pour célébrer ma naissance
Dire que tu étais vraiment triste que l on ne se soit pas vu
dire ton inquiétude aussi dans ce silence
Et que vous préfériez ce portrait
à l Autre
"définitivement l'air d'un marin , de ceux qui partent avec l'assurance tranquille de savoir pourquoi et vers où."
Point
pas point de suspension
Vers où
Et point
Fermez les guillemets
Comme finalité posée
À la ligne
Ouvrez les guillemets
.
alors je vais y croire
À cette assurance tranquille
Parce que je vous faisais confiance moi Michka
Parce que vous saviez mon chemin aussi
l urgence du temps qu il reste pour poser et bâtir
et parce que vous avez posé votre regard sur moi aussi et parce que je n attendais rien moi Renard
Et parce que vous n attendiez rien vous aussi
On appelle ça
je crois
des amis
.
Alors j entends encore ta voix j entends encore votre voix et cette intonation j entends encore ton rythme cette douceur et ce souffle dans tes derniers mots de juin
Ceux que je découvre ce matin de juillet
"Iras tu plonger dans la beauté de ton île cet été... ?"
tes tous derniers mots pour moi
michka
Sans réponse depuis
sans avoir donné signe de vie
Tous ces mots que je ne découvre qu'aujourd'hui
Ce dix de juillet
un mois après
Le jour d après
où le ciel pleure éperdument
Et moi J'en pleus michka, j'en larme
Et je t écris cette fois en larmes
J'entends encore tes mots, tu sais,
ta voix qui se pose
J'entends encore tes mots ce souffle
en delays saturés à l infini
un trombone dans l au-delà qui se veut et s évanouie
Comme un silence aussi
Le souffle coupé
Hier soir
Un repli
Un point de rupture
Puis une ouverture
Michka
Un nouveau plan séquence
Une nouvelle texture
Un nouveau conte
dit
.
Oui très chère
J'y pars bientôt sur l île
Peut être te croiserai-je au détour d un sentier, dans le frémissement d une fougère
Sous l écho du pont là bas au loin proche de la rivière
peut être entendrai-je ta voix dans la maghja un soir de pleine lune au son du Ciocciu
Peut-être
Comme toi et ton amie Heike
sa voix
Avenue Gambetta
À chaque pas chaque fois devant son entrée
Peut être moi aussi
j entendrai ta voix
Ma belle amie éphémère
Peut être
.
Je pensais qu'on avait du temps Michka
Moi je pensais qu'on avait encore du temps
Je savais pas
J attendais d être plus tranquille
Sur le chemin
Je pensais qu’on avait du temps
Et peut être même un possible chemin
Je pensais qu'on avait
du temps
.
Alors je dois vous dire un secret
Tendre amie
Quand je vous contais mon année
deux mille dix
babillard contard que je suis
être resté dans le secret jusqu'à très tard
Pour ne pas voir
l inquiétude,
l amour dans le regard de l être aimé(e)
Pour continuer à vivre ses putains de rêves, s élever jusqu'à la possible faucheuse
Sans n'avoir plus de pressions que la sienne
De son corps d un regard sur sa possible mort
Je vous ai vue
// trop souvent dans ces instants la
Les gens projettent leur peur
presque
sans le vouloir
ils vous étouffent de peur
presque
sans le vouloir
on peut facilement servir de déversoir presque
sans le vouloir
Alors on se protège //on cicatrise // on se baume et on trace sa vie //
presque seul
je vous ai vue
comme vivre danser conter la vie, des vies
une vie
Je vous ai vue de l intérieur
Là où d autres jugent, médisent en silence , projettent ou tirent un trait
simplement
Vous,
vous m avez souri sans mot dire
Vous vous en êtes revenue émue
Vous me l avez écrit c’est posé
Et aujourd'hui
Je sais pourquoi vous avez souri
Je sais
pourquoi
tu as souri
.
Je vous embrasse fort
très chère amie
Et je continuerai à t écrire
de l intérieur
Dans ce livre de mille vies
Aux mille fragments
Qui te contait de l intérieur
À bientôt ici ou là-bas
À bientôt douce Michka
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