j’annonce officiellement ce soir
ma candidature
à la plus haute marche de l’ETAT
«Assisté»
comme ils disent
au Pole emploi de France
je te le dis, non sans ironie...
Maquillé d’une colère profondément intime irréversible
cette décision l’ami n’a pas été facile
.
les choses de la vie m’ont fait comprendre ces dernières années
qu’aujourd’hui
tu peux tomber pour rien
Soit tu combats quotidien
Soit tu crèves
Comme un chien
.
Après la perte d’un bout de moi,
Qui m’entend, je le sais, de son bout de terre là bas au loin
Après la naissance d’un caillou dans le cerveau
En Contrat à durée indéterminé et renouvelable
Au bon vouloir du barbu là haut
j’ai alors écrit, l’an dernier, mon « Feuilles d’herbe» à moi, des mots de vie, d’envie, mes plus beaux mots à ce jour
ceux qu’un jour je t’exprimerai
dans le plus beau des théâtres
seul
mes mains et moi
avec mon crâne tel un sol lunaire,
rêche et sec,
plein de cratères et de failles,
frankeisteinisé Ad vitam æternam par la beauté du geste déifié du frater, venu du froid en blouse blanche, incisé
la cicatrice en forme de tranchée et le vertex droit bien cabossé,
je sais aujourd’hui où ça fait mal
à l’endroit même où ladite creva,
Non sans mal,
il est vrai
Je sais aussi aujourd’hui
quand ça pleure dans le coeur
le mien
Et celui des autres aussi
j’entends du cerveau droit au cerveau droit
la lune tumeur qui fuit l’an dernier
ça me vaut aujourd’hui d’être un plus léger,
De quelques grammes seulement.
Je te l’accorde
et Petit à petit, je me déleste de tout
ou presque
.
les proches, eux, ceux du sang, du coeur, sont toujours là,
ils me font confiance même dans cette tempête là
et leur chaleur et leurs mots me réconfortent aujourd’hui
ça lisse mes doutes pour ce mandat lettré
Pour affronter de nouveau le grand froid
les regards fuckés
.
mon non-programme est simple ces deux prochaines années
REdevenir l’animal que je suis
pour cela, je te demanderai l’ami de ne pas voter contre moi et tous mes ptits camarades qui pointent
eux aussi
mais pas du doigt
.
je m’engagerai à reposer mes nerfs
parce que sans force y a plus de combat
.
Reconstruire FragMEnt et le façonner pour l’avenir est mon envie la plus pressante
.
Terminer un manifeste politique, musical et schizophrène où tu comprendras l’ami pourquoi je m’engage devant toi, ce soir.
Un manifeste pour prendre acte
en quelque sorte
.
Ensuite
je poserai ma voix sur l’album de FragMEnt auquel je crois plus que tout
quand j’entends autour toute la merde qui s’agite
j’y crois à ce bambin
parce qu’enfanter dans la douleur
et les cris intérieurs
et dans le même temps
je te promets un album solo,
comme une promesse tenue
crépusculairement beau et intime
.
oui, j’ai changé, l’ami
aujourd’hui je porte encore plus haut et encore plus fort l’humain au creux
j’ai changé parce qu’aujourd’hui,
me sens aussi fort que quand j’étais môme
innocent, de nouveaux plein de rêves au dedans,
les jupons de mère dans le vent
.
à la rentrée prochaine,
si la musique te plait,
j’irai te rencontrer dans les campagnes et ailleurs
pour prêcher tel un prêtre décadent avec mes apôtres fragmentés
s’il croit toujours en moi
du haut de ma croix
.
je m’en irai alors au vent moi aussi par delà les préjugés,
te rencontrer
mon sourire sera le tien, crois le
toi mon ami d’ici et d’ailleurs
.
je m’attellerai ensuite à mettre en scène les plus beaux mots de mes dernières années
ceux écrits, bien opiacéisé comme il fallait l’an dernier, au codex 1818
je mettrais ces mots là en scène
dans le plus beau des théâtres
celui de la vie
un long monologue qui t’en dira tant l’ami
tu sais comme quand la vie prend le dessus sur la mort
dans deux ans si je suis lassé de toute cette merde
m’en irai au loin
respirer l’air, enfanter des bambins
là ou les montagnes et la mer se caressent
là ou je crèverai
çà, c’est dit.